Un café, une cigarette et l’esprit vide…
Être assise en extérieur par une chaude journée de printemps,
face à une nature luxuriante et garder l’encéphalogramme plat. Ce ne sont pourtant
pas les bruits charmants et propices à la création qui manquent.
Du chant d’une tourterelle louant les beautés
printanières à l’eau ruisselant en
cascade, tout y est. Mais rien ne vient.
La muse est capricieuse. Elle a déjà tant donné, si
facilement qu’on finit par penser que l’inspiration est quelque chose de naturel.
Jusqu’au jour où celle-ci vous quitte. Même les œuvres d’art tant chéries ne
déclenchent plus en moi l‘émoi salvateur, celui qui pousse à se battre pour
leur valorisation ; leur compréhension. Un bonheur n’arrivant jamais seul,
dans ces moments-là, même le stylo vous lâche…
Alors on tente de se remémorer les techniques que l’on a
apprises, supposées déclencher l’écriture. : Rédiger une lettre, raconter
une histoire, once upon a time… Rien.
Écrire, écrire tout et rien, ce qui vient à l’esprit mais
aligner des mots afin de libérer le flux… Que dalle.
Alors on reprend les choses à la base. Fermer les yeux, intérioriser,
se concentrer sur les émotions, les ressentis. Que ressens-tu ? Allez,
cherche, cherche bien, cherche encore…
Mais le quadrupède poilu reviendra bredouille, couvert du néant
poussiéreux qui a recouvert l’inspiration que l’on a plus sollicitée depuis si
longtemps. Il reviendra la langue pendante, les oreilles en arrières et le
regard hagard de l’animal qui ne comprend pas ce que l’on attend de lui. Comme
si on lui avait envoyé une baballe imaginaire qu’il se serait épuisé à chercher
en vain.
Contemplative, imaginative, rien n’arrive… Anne, ma sœur Anne…
Seuls quelques vers de Maïakovski viennent chantonner à mon
esprit.
Que l’on aima et que l’on aimeIcones à l’abri dans la grotte de l’âmeComme une coupe de vin à la table d’un festinJe lève mon verre empli de poèmes…/…Ce soir, je jouerais de la flute sur ma propre colonne vertébrale.
-Et maintenant, que ressens-tu ?
-De la nostalgie.
-C’est un début.
Mon ventre se noue. Les larmes envahissent mes yeux, mon
esprit s’égare, les émotions me submergent, les images s’entrechoquent dans ma
boite crânienne. Je suis vivante… Une brèche dans la carapace, une lueur, un espoir.
-Crache ! Continues, crache !
-I’m dead I’m dead I’m dead… Pas encore.
- Bien tenté mais non. Nada. Same player shoote again.
-Une valeur sure. Mais non…
- Je confirme.
Sérendipité de la mémoire qui n’a rien d’accidentel.
-…
- Logique.
- On va ou comme ça ?
-Tais-toi et continues.
-Tu vois quoi à présent ?
-L’océan. A perte de vue. Déchainé. Il y a une tempête. Le
sable blanc crisse sous mes rangers. Mes pas se déchainent. Le souffle me
manque. Je suis seule sur cette plage glaciale. Je suis jeune, libre, enivrée
de musique et de substances moins licites. Tellement vivante, si conne et
assurément immortelle. L’avenir ? Je vais le bouffer à pleines dents.
Bientôt. Je le sais, l’avenir, c’est demain. Le bonheur c’est maintenant.
-A présent ?
-Des larmes roulent sur mes joues.
-Tu souffres ?
-Non. Je ressens.
-Nostalgique ?
-Un peu.
-Les paroles ?
-Give me the words. And tell me nothing. And tell me
everything. Magique.
-Le lien de ta sérendipité, le fil conducteur, cette
évidence, tu la perçois parfaitement, n’est-ce pas ?
-Oui
-Alors dis-la.
-Non.
-Lâche.
-Pudique.
-Lâche !
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